La complainte du partisan

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— Monsieur, nous sommes attaqué…

Le vieux commandant était de dos. Mais il contemplait déjà le désastre par la baie vitrée de sa luxueuse cabine. Il ne répondit pas.
Ce qui ne surprit pas son régisseur. Le vétéran était de nature taiseuse.

Le régisseur sentit tout de même, dans ce silence sourd, la grande déception du vieux pilote.

— Je prépare votre vaisseau, nous devons quitter le Gnosis dans l’heure. Ordre du capitaine Mathius Leander. Nous serons escortés étant donné que votre vaisseau n’est pas armé pour affronter cette menace, poursuivit le régisseur en franchissant déjà le seuil de la cabine.
— Non !
— Plait-il, Monsieur ?
— Nous restons à bord.
— Mais… Nous avons ordr…
— Ma décision est prise, coupa le vétéran. Laissez-moi seul dès à présent. Vous pouvez disposer et qu’on ne me dérange plus, insista-t-il.
— C… comme vous voudrez…

Le régisseur, troublé, quitta la cabine. La porte se referma automatiquement derrière lui et se verouilla.

Le vieux explorateur se leva et s’approcha, d’un pas hésitant, de la grande baie vitrée. Il posa la main sur la vitre épaisse d’une dizaine de centimètres. Il pouvait sentir les vibrations du Gnosis qui supportait mal les assauts. Le spectacle était consternant. Il murmura quelque chose qui s’apparenta à un vieux chant partisan, mais une violente secousse le fit presque perdre équilibre et conclu prématurément sa complainte. Quelle désillusion… Il n’allait pas le supporter plus longtemps vu qu’il n’avait jamais songé à un éventuel retour.

Son avenir était là-bas. Mais le destin en voulu autrement.
Contre toute attente, sa délivrance serait ici… et il se remit à chantonner.

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